Ukraine Printemps 2025

Articles - Image d'intro

Après un mois et demi de route à travers l’Ukraine, me voilà rentré en France. Six semaines d’un voyage intense, parfois rude, mais infiniment riche. J’y ai présenté mes spectacles de magie dans des orphelinats, des bibliothèques, des centres pour personnes déplacées et même une cathédrale… Dans chaque lieu, j’ai retrouvé la même étincelle : celle qui rappelle que l’émerveillement et le rire ont encore toute leur place, même dans les endroits les plus éprouvés.

Un périple à travers l’Ukraine

Mon parcours m’a mené à travers une large partie du pays, de l’ouest verdoyant jusqu’aux villes de l’est, proches du front.

À Chernivtsi, ville paisible nichée dans les Carpates, j’ai retrouvé des enfants curieux au sein d'un orphelinat situé dans un monastére. Dans cette région plus paisible, loin du fracas de la guerre, j’ai rejoint d’autres bénévoles français, Loic et Serge, pour offrir des instants magiques à des enfants réfugiés. Un projet mené à plusieurs, dans une belle énergie collective.

À Mykolaiv, que j’avais visitée il y a plus de deux ans, les retrouvailles ont été bouleversantes. Malgré la guerre, les visages familiers étaient là, les volontaires réorganisés « comme au bon vieux temps ». C’est une ville marquée, mais debout, toujours accueillante, toujours vivante.

À Kherson, comme l'année passée, j'ai de nouveau été invité par le théatre local. Trop proche du front, vidée d’une partie de ses habitants, la ville sonne creux par moments… mais elle bat encore. Les explosions rythment les jours et les nuits, mais les spectacles y ont tout de même lieu. Dans cette ville martyre, la culture continue à exister, à résister.

Puis il y a eu Kharkiv, deuxième plus grande ville d’Ukraine, tout aussi exposée. J’y ai donné un spectacle dans une majestueuse cathédrale orthodoxe grecque, un moment suspendu dans un décor irréel. J’y ai aussi partagé des après-midis d’ateliers et de magie dans des lieux colorés et chaleureux, loin du fracas des armes avec mon amie Olina.

Plus loin à l’est, dans le Donbass, le périple m’a conduit à Izium, Shevchenkove, Sloviansk, Kramatorsk… des noms trop souvent associés à la guerre et aux destructions, villes bombardées quotidienement. Et pourtant, ce que j’y ai trouvé, ce sont des enfants rieurs, des familles solidaires, des volontaires engagés, des espaces de résistance humaine et artistique. Même lorsque les enfants ne sont officiellement plus autorisés à se rassembler, certains ont choisi de faire une exception. Parce qu’ils savent que quelques instants de rire valent parfois tous les discours.

À Izium, j’ai dormi dans un ancien bunker de la Seconde Guerre mondiale, et j’ai été accueilli chaque soir par une famille qui m’ouvrait sa maison, sa table, son cœur. C’est dans ces moments simples que l’on mesure toute la profondeur de l’hospitalité ukrainienne.

La magie comme résistance

Ce voyage n’avait rien d’un simple enchaînement de spectacles. C’était un acte de présence, un geste de solidarité, un témoignage vivant. À chaque représentation, les rires fusaient. Les regards s’illuminaient. Des enfants oubliaient un instant les alertes, les coupures de courant, le vacarme des drones et des bombardements.

J’ai vu des adultes les observer, les yeux brillants d’émotion. Comme si, en voyant leurs enfants s’émerveiller, ils reprenaient eux-mêmes un peu espoir.

Je suis rentré fatigué, vidé même parfois… mais profondément nourri.

Et déjà, dans un coin de ma tête, une nouvelle mission commence à germer.

Retour à la liste des articles